L’histoire de Walgreens débute en 1901 lorsqu’elle lance la première chaîne de pharmacies aux États-Unis. Ce concept novateur lui permet une rapide expansion, allant de pair avec une croissance financière exponentielle. Elle maintient son avance pionnière en adoptant le format « self-service » dans ses 8.300 boutiques réparties sur le territoire américain en avril 2011. Mais c’est vers la fin des années 1990 que cette croissance s’essouffle. Son modèle peine face au développement des réseaux de ventes par correspondance et d’internet, mais aussi face à l’agressivité d’autres réseaux de distribution comme Target, Walmart et CVS/Pharmacy, son concurrent historique.
Walgreens répond à ces défis en maintenant le cap stratégique qui fit son succès. Elle ouvre 1.000 boutiques supplémentaires pour augmenter sa couverture, et un magasin en ligne. Cette tactique rencontre dans un premier temps des résultats : augmentation des ventes et des actifs. Sa rentabilité se stabilise, mais finit par s’écrouler devant les efforts nécessaires pour la maintenir. En 2005, Walgreens comprend que sa stratégie historique ne permet plus de relever les défis du 21e siècle. Elle doit rompre avec ses traditions, changer de cap. Au cours des 7 années qui suivent, Walgreens réalise une série d’acquisitions et d’alliances pour se développer dans de nouvelles régions des États-Unis, et créer de nouvelles lignes de produits. En parallèle, elle cède certaines activités qui ne font plus partie de sa stratégie de croissance, dont son activité de boutiques historique préférant nouer des contrats avec des distributeurs. Cette nouvelle stratégie permet à Walgreens de rattraper 10 ans de retard sur le marché et sur la concurrence. En juillet 2012, Walgreens enregistre une hausse de 20% du cours de ses actions.
Cette anecdote montre les dangers d’une dépendance à une stratégie unique de croissance. Il a fallu plus d’une décennie à Walgreens pour apprendre à utiliser des acquisitions et des alliances pour compléter sa force de développement interne. Plus d’une décennie pour sortir de la stratégie qu’elle appliquait pourtant consciencieusement, mais de manière têtue. C’est en ayant des approches rigoureuses, en analysant sous plusieurs angles, et en sélectionnant des trajectoires de croissance différentes (et équilibrées) qu’elle parvint à se relever.