A l’heure où l’Union des Bretons Indépendants (plus connue sous le nom d’Ubisoft) sort une nouvelle épopée de sa franchise Assassin’s Creed, penchons-nous quelques minutes sur leur manière de manager ce projet d’envergure, conçu sur plusieurs sites mondiaux. Ubisoft, comme vous le savez certainement, compte 25 studios de développement et 55 filiales de distribution dans le monde, pour un total de plus de 6400 collaborateurs. Tous n’ont pas travaillé sur la franchise, mais au moins 7 studios en France (Annecy), Montréal (comprenant 3 studios différents : Ubisoft Montréal, Ubisoft Digital Arts et Hybrides Technologies), Sofia, Suède et Singapour. Outre la complexité d’une gestion multi-sites et multi-culturelles, il fallait allier des compétences presque opposées : les créatifs et les développeurs, et faire converger des disciplines aussi variées que l’artiste, le designer, la modélisation 3D, la motion capture, le marketeur… et le développeur (animal que les managers redoutent particulièrement).
Outre une méthodologie projet pour le moins efficace (adaptée des méthodes de conception agiles telles que Scrum, Rup, Xtreme Programming et autre saucissonnage des tâches), il faut une communication permanente pour s’assurer que tout le monde comprenne et soit au rendez-vous. Une partie de cette communication est assurée par les sprints qui sont des réunions de courte durée (je suis volontairement réducteur). Cela est loin de suffire, car comme dans beaucoup de choses en entreprise, il faut un travail avant tout collaboratif et de proximité. Pour s’affranchir des frontières, les collaborateurs ont d’eux-mêmes mis en oeuvre leurs propres outils (wiki et autres mini sites). Et cette communication parallèle, non standardisée par une quelconque méthode, à peine canalisée par l’entreprise, est vitale à la réussite des projets. A l’heure où je croise beaucoup d’entreprises souhaitant contrôler (parfois avec obsession) le moindre pixel de leurs projets (peu importe leur nature), cet exemple nous montre que cela peut être un frein à l’efficacité, à l’innovation et à l’ingénierie des imaginaires.