On ne peut plus avoir une conversation sans que l’action du gouvernement vienne sur le tapis en mohair de nos sécurisantes chaumières. Et en bons râleurs que nous sommes, les critiques fusent, les bras se lèvent en signe de dépit et les épaules retombent par désespoir. Et lorsque l’on demande ce que nous ferions à sa place, nous obtenons la réponse suivante : « Je ne sais pas, mais j’agirais ! »
Les plus malins ou les plus perfides, c’est selon, ne manquent pas de me retourner la question adoptant la technique du questionnement apprise dans de désastreuses formations au management (chapitre Conduire un entretien individuel) : « Et toi qui a toujours de si bons conseils ?« .
Alors prêtons-nous au jeu : et si je coachais le Président Hollande…
Sur les routes de campagne en scooter
Certes habituellement, je pratique la mise au vert en louant un bureau, une salle de séminaire, un manoir voire même une péniche. Mais tant qu’à délirer, allons-y franchement : 1) j’ai besoin de l’écouter pour le comprendre 2) il a besoin de prendre du recul 3) nous avons besoin qu’il s’isole pour que le coaching soit efficace (zéro téléphone, zéro mail) 4) nous devons créer une relation partenaire, de confiance (vitale) 5) il semble apprécier le deux roues.
L’idée n’est pas d’aller à la rencontre du peuple et de comprendre les difficultés quotidiennes d’un étudiant ou d’un parent divorcé en charge de 48 enfants. Non. A) son bureau est jonché de dossiers et de rapports décrivant la situation heure par heure. B) ses conseillers sont chargés de le faire pour mieux le guider. C) les autres partis politiques sont bien là pour le lui rappeler. D) et si ces derniers se trouvaient empêtrés dans des commedia dell’arte politiques ou des affaires anéantissant leur crédibilité, il y a toujours les médias qui auront bien un reportage sensationnel et larmoyant, avec de vraies gens comme vous et moi, filmés de préférence en gros plan dans un cadre gris et déprimant à souhait, sur un texte de Victor Hugo.
Non. Ces réalités lui sont sempiternellement rappelées, et plus la pression monte dans notre cocotte made in France, plus elle l’oblige à réagir dans l’urgence, à coup de mesures ou de reculs, de hausses ou de baisses plus ou moins heureuses.
Vision, cap et mousse au chocolat
Car oui, les coups de barre à droite ou à gauche nous montrent que le cap n’est plus tenu. Le premier axe de notre travail sera donc de forger à nouveau une vision, une destination à atteindre. Point important non seulement parce qu’elle nous dit où on veut aller, mais aussi parce qu’elle permettra à notre Président de reprendre pied, de l’assurance et de revenir aux bases : ce qu’il voulait faire et pourquoi.
Bien. Maintenant que la vue est éclaircie comment atteindre notre but ? Quel sera notre cap ? Attention. Je n’aiderais pas notre Président à bâtir un plan stratégique de maintenant à la fin de son quinquennat. Car, vous comme moi savons que ces plans ne servent pas à grand-chose, pire qu’ils peuvent nous enfermer dans un entêtement absurde qui, comme des œillères, nous empêcherait de voir les changements voire de les anticiper.
Donc, pas de plan gravé dans le marbre, mais 3 axes directeurs, assortis d’objectifs ambitieux et réalisables. Le tout saupoudré de victoires rapides : a) pour démontrer la pertinence de notre cap et redonner confiance aux rameurs français, b) s’assurer rapidement de l’efficacité de nos axes directeurs et corriger le tir si besoin.
Nous devrions ainsi à la fin de notre virée cheveux aux vents, disposer d’une vision, d’un cap composé de 3 axes directeurs aux résultats rapides, ambitieux et réalisables. Et ce n’est que lorsque nous aurons atteint ces objectifs que le Président et moi dégusterons une mousse au chocolat (dessert préféré de notre Président), somme toute bien méritée.